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Sabotage relationnel : Le Triangle de Karpman décrypté

Dernière mise à jour : 10 août



Vous arrive-t-il d'avoir l'impression que vos relations – qu'elles soient amoureuses, amicales ou familiales – tournent inlassablement au même scénario ? Vous vous investissez énormément, mais finissez par vous sentir déçu·e, incompris·e, ou submergé·e par la colère ? Il est fort possible que, sans en avoir conscience, vous rejouiez le jeu psychologique du Triangle Dramatique de Karpman.

Ce modèle, incontournable en analyse transactionnelle, met en lumière les rôles inconscients que nous adoptons dans nos interactions. Ces rôles, souvent enracinés dans notre histoire personnelle, peuvent nourrir des schémas relationnels douloureux, voire toxiques, et nous empêcher de vivre des liens authentiques et sincères.


Jeu psychologique de Karpman
"Cessons de jouer à des jeux, soyons clairs." Eric Berne

Avant de poursuivre la lecture, il est primordial de faire une distinction importante :

  •  Le triangle dramatique ne concerne en aucun cas les personnes victimes de violences conjugales, de traumatismes, de discriminations systémiques (racisme, homophobie, validisme…) ou encore de violences sexuelles.

  • Ces personnes ont besoin que leur statut de victime soit reconnu, sans tentative de renversement ou de minimisation de ce qu’elles ont vécu.


Le triangle de Karpman concerne des dynamiques relationnelles dysfonctionnelles, dans lesquelles chacun prend inconsciemment une position psychologique – Victime, Sauveur ou Bourreau – et entretient ce système à travers des attentes, des reproches ou des solutions mal ajustées.


Comment fonctionne le triangle de karpman?


Le Triangle de Karpman est un jeu relationnel qui implique au moins deux personnes. Chaque "joueur" entre en scène en adoptant l'un de ces trois rôles emblématiques:

  • Le Sauveur

  • Le Bourreau (ou Persécuteur)

  • La Victime


Ces rôles ne sont pas des identités fixes, mais des postures interchangeables au fil des interactions, adoptées de manière inconsciente, souvent façonnées dès l'enfance dans les schémas familiaux, et tenues avec une conviction surprenante à l'âge adulte. Cette dynamique peut se jouer au sein d’une famille, d’un couple, d’un groupe de travail ou même à l’échelle d’une société.


Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il n'y a aucune intention de nuire à l'autre. Chaque rôle sert une fonction psychique profonde. Le persécuteur, souvent, agit par blessure et par manque d’amour. La victime peut être paralysée par la peur ou la honte. Et le sauveur, en portant la responsabilité du bonheur de l’autre, s’épuise et néglige ses propres besoins.


Chaque rôle existe en miroir, les uns par rapport aux autres, et grâce aux autres. La victime a besoin d’un persécuteur pour donner un sens à sa souffrance, et d’un sauveur pour espérer en être libérée. Le persécuteur, de son côté, a besoin d’une victime à blâmer, critiquer ou contrôler – et d’un sauveur qui viendra peut-être le défier ou le remettre en cause. Quant au sauveur, il a besoin d’une victime à secourir, mais aussi d’un persécuteur à affronter, pour se sentir utile, légitime, voire héroïque.


Autrement dit, chacun pense “jouer son rôle” pour aider, se protéger ou survivre… mais en réalité, chaque rôle alimente et verrouille le système, et sabote les relations.



Présentation des rôles : Sauveur, Victime, Bourreau


  1. Le Sauveur : “Je suis là pour toi… même si tu n’as rien demandé”


Le Sauveur tire une forme de valorisation : "Je suis indispensable, donc je mérite d’être aimé·e." Souvent, cette posture s'enracine dans une enfance où l'on a été responsabilisé·e très tôt. L'adulte adopte alors une aide permanente.


Cependant, cette aide n’est pas toujours saine : elle anticipe les besoins, elle empêche l’autre de se responsabiliser, et peut devenir invasive ou étouffante.

Lorsque ses efforts ne sont pas reconnus ou jugés insuffisants, le Sauveur bascule rapidement :

  • en Victime : « Après tout ce que j’ai fait pour toi, voilà comment tu me remercies… »

  • ou en Bourreau : « Tu ne mérites vraiment pas mon aide, tu es ingrat·e ! »



  1. La Victime : “Pauvre de moi, je n’y arrive pas seul·e”


La Victime cherche à ce qu'on s'occupe d'elle, à être prise en charge. Elle est souvent dans une posture d’impuissance apprise, évitant de faire des choix ou d’affronter ses responsabilités. Elle peut susciter la pitié, la culpabilité ou le devoir de réparation chez les autres. Elle cherche activement un Sauveur.


La Victime attire la compassion… mais n’évolue pas vraiment, car elle reste passive, enfermée dans un récit de « ce n’est pas ma faute » qui la maintient dans son inertie.


Pourtant, si l’aide reçue ne convient pas, elle rejette, blâme ou critique. Elle bascule alors, sans surprise, en Bourreau.



  1. Le Bourreau : “Tu n’as que ce que tu mérites”


Le Bourreau cherche à obtenir du respect ou de la reconnaissance par la peur ou la domination : "Si je fais peur, alors je suis respecté·e." Il peut être ouvertement violent, manipulateur ou abusif, mais aussi plus subtil dans ses attitudes de supériorité ou de dévalorisation.


Souvent, c'est un ancien Sauveur déçu, une Victime humiliée, ou une personne frustrée et en colère qui adopte cette posture. Il impose, dénigre, donne des leçons. Il se perçoit comme rationnel, mais nie totalement la subjectivité et la dignité de l’autre.


Cette posture, qu'elle soit agressive, méprisante ou passive-agressive, empêche tout dialogue constructif et installe une dynamique de pouvoir destructrice au sein de la relation.



Si, en lisant cet article, vous identifiez les rôles que chacun joue – le vôtre et celui de votre entourage –, alors vous êtes déjà sur le plateau, en train d'observer le jeu psychologique.

À ce moment précis, vous avez un choix fondamental : continuer à jouer… ou décider d'en sortir.



Comment sortir du Triangle de Karpman ?


Entre le Sauveur, la Victime, le Bourreau, et les jugements, chantages, comparaisons, punitions, culpabilisations, dévalorisations, critiques et mépris…, vous pouvez choisir de vivre d'autres relations.


Vous pouvez :

  • Ne plus réagir, mais répondre en conscience, (ne devenez pas Sauveur si l’autre se plaint, par exemple).

  • Ne plus chercher à “gagner” la relation, mais à l’éclairer et la vivre avec authenticité et souveraineté.

  • Identifiez votre rôle de prédilection, dans quelle posture tombez-vous le plus souvent ?

  • Prenez la responsabilité de vos besoins, émotions et décisions.

  • Acceptez la frustration : vous n’êtes pas là pour réparer, sauver, plaire ou dominer.


Sortir du triangle de Karpman est possible. C’est sortir d’une posture inconsciente pour entrer dans une relation plus libre, consciente et responsable. Ce n’est pas un « switch » immédiat, mais un chemin de responsabilisation qui demande lucidité, engagement et bienveillance envers soi-même.


Exemple de situation en thérapie de couple


Prenons un exemple que je rencontre parfois en cabinet : un couple vient en thérapie, et l’un des partenaires se positionne comme la victime, désignant l’autre comme le persécuteur. Le/la thérapeute est alors inconsciemment invité·e à jouer le rôle du sauveur, celui ou celle qui “tranchera”, prendra parti, confirmera l’un et blâmera l’autre.


Pour rappel, ici le contexte se rapporte à des relations dysfonctionnelles dans lesquelles au moins deux individus jouent un rôle de prédilection.


En refusant de jouer le rôle de Sauveur, le thérapeute de couple garde sa juste place : celle d’un facilitateur de communication, qui invite chacun à prendre conscience de ses propres mouvements internes, à sortir des projections, et à retrouver une position adulte, responsable et libre.



Le triangle de Karpman est un piège invisible. Tant qu’on n’en prend pas conscience, il sabote nos liens, même quand on aime sincèrement. Vous n’avez pas à rejouer toujours le même rôle. Vous pouvez sortir du triangle et choisir des relations conscientes. Pour cela, il vous suffit de me contacter par message à hello@johannaquerin.com ou prendre directement rendez-vous.




Sources :

  • Les concepts de Stephen Karpman et Eric Berne en Analyse Transactionnelle.


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