Et mon corps dans le deuil périnatal? Peut-on encore parler de désir sexuel après la perte d'un bébé ?
- Johanna Querin
- 3 juin
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 juin
Perdre son bébé, c’est voir son monde s’écrouler. C’est se réveiller dans un corps qu’on ne reconnaît plus, un corps qui aurait dû donner la vie, et qui n’a pas pu. Un corps qui porte désormais une histoire silencieuse, invisible aux yeux du monde, mais criante à l’intérieur. Et dans ce silence, il n’est pas rare que le désir disparaisse. Pas par pudeur. Pas par fatigue. Mais parce que tout l’univers sensuel semble devenu étranger, déplacé, inaccessible.
Dans ce paysage intérieur ravagé, la sexualité ne trouve plus sa place. Comment accepter d’être touchée, quand chaque cellule semble porter le poids d’un manque ? Comment éprouver du plaisir, quand la culpabilité s’est immiscée jusque dans la peau ? Comment faire confiance, à l’autre, à soi, à la vie… quand on s’est sentie trahie par son propre corps ?

Le corps souffre aussi
Le deuil périnatal n’est pas seulement un deuil de l’enfant. C’est aussi un deuil du corps fertile, de la femme en devenir, de l’histoire qu’on s’était racontée. Il bouleverse l’identité, ébranle la féminité, fragilise l’estime de soi. Beaucoup de femmes, après la perte de leur bébé, vivent une forme d’anesthésie émotionnelle et sensorielle. Le désir n’est pas simplement en pause — il est en fuite. Non pas parce qu’il ne reviendra jamais, mais parce qu’il a besoin d’un espace sécurisé pour renaître.
Ce n’est pas une question d’hormones. Ce n’est pas un simple blocage mental. C’est un processus profond, intime, sacré. Le corps a besoin d’être pleuré, entendu, reconnu. Il a besoin qu’on lui rende sa dignité, sa douceur, sa fonction de vie et non plus de faute.
Alors, dans ce chemin de reconstruction, il ne s’agit pas de “retrouver une libido” comme on coche une case. Il s’agit de se réconcilier avec soi. De se donner la permission de ressentir de nouveau. De retrouver peu à peu un lien au plaisir — pas seulement sexuel, mais sensoriel, global, vivant. Cela peut prendre du temps. Cela demande de la tendresse, de l’écoute, parfois un accompagnement thérapeutique.
Ce n’est pas une faiblesse de ne plus désirer. Ce n’est pas un problème à régler. C’est une réponse humaine, protectrice, à un bouleversement profond. Mais c’est aussi, potentiellement, le début d’un autre rapport au corps, plus ancré, plus vrai, plus libre.
Se reconnecter à son corps dans le deuil périnatal
Quand une femme vit la perte de son bébé, ce n’est pas seulement son cœur qui est brisé. C’est son corps tout entier qui porte le deuil. Et pour l’accompagner avec justesse, il est essentiel de ne pas dissocier l’émotionnel, le physique, l’énergétique, le symbolique.
Dans l’accompagnement que je propose, il n’est jamais question de forcer, de réveiller artificiellement le désir, ni de “réparer” un corps que l’on pense défaillant. Il est plutôt question de l’écouter autrement. D’ouvrir un espace où chaque sensation, chaque silence, chaque repli a sa place. Car derrière la perte, il y a un choc. Une sidération. Et souvent, un gel des sensations.
L’approche holistique invite à reprendre contact avec le corps autrement que par la sexualité. Par le souffle, le toucher doux, le mouvement lent, la méditation sensorielle, la visualisation, ou encore les soins énergétiques. C’est un chemin vers soi. Vers la sécurité intérieure.
Recréer du lien. Ramener de la douceur. Apaiser la colère. Reconnaître la honte. Nommer ce qui n’a pas été dit. Redonner un langage aux sensations. Se réapproprier son image. Réconcilier l’ombre et la lumière. C’est cela, la vraie sexualité sacrée : une présence à soi, une intimité retrouvée, même en dehors de tout acte sexuel. Renouer avec son corps dans le deuil périnatal.
Ce travail demande du courage. De la patience. Et parfois, un accompagnement sécurisant pour traverser cette zone d’ombre sans s’y perdre.
Le témoignage de Sophie
"Mon corps, je ne le supportais plus. Il m'avait trahi. Il avait failli. J’étais en colère contre lui. Contre moi. Contre la vie. En séance, Johanna n’a pas cherché à me réparer. Elle m’a laissée être. Et c’était la première fois que je sentais que ma douleur avait le droit d’exister, sans être niée. Petit à petit, j’ai appris à reposer ma main sur mon ventre sans vouloir m’en détacher, à pleurer sans honte. J’ai compris que mon corps n’était pas une faute, mais un témoin du drame. Et que je pouvais doucement lui refaire confiance."
En séance, nous n’avons pas parlé de sexualité tout de suite. Nous avons commencé par poser les mots du deuil. Laisser sortir la colère, l’injustice, la tristesse. Raconter ce qui n’avait pas été dit. Pleurer sans retenue. Puis, doucement, par des visualisations et des pratiques corporelles simples, Sophie a pu reprendre contact avec ses sensations.
Le désir ne revient pas sur commande. Il renaît dans la douceur, le respect de soi, et l’écoute profonde de ce que traverse le corps en deuil. Si vous traversez cette épreuve, vous n’êtes pas seul(e). Je suis là pour vous accompagner sur ce chemin. Vous pouvez me contacter par message à hello@johannaquerin.com ou prendre directement rendez-vous.








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